Ostinato… homo: credo - Jeux d'artifices
Jean-Michel Pionetti
éditions autodafé
ISBN 2-9805745-0-3

 

Dans les arcanes du destin
 

L'imprévisible, voilà le maître mot de la séduction !
Yves Simon, La dernière passion.

    Wou Wang / L'inattendu

Divin devin

    Un peu par magie, mais sans trucage ni supercherie, l'occulte venait de glisser dans l'ombre d'une lumière tamisée.
    On était assez loin des devins qui rendaient leurs oracles en interprétant les cris d'une Pythie en transe, ou des aruspices qui conjecturaient l'issue d'un combat dans les entrailles d'un poulet ou dans un vol de corbeaux.
    Et comme souvent, c'est sur un mot que s'est fait le dérapage.
    – À propos des devins et des mancies, parle-t-on des arts divinatoires ou des arts devinatoires ? Devinatoires paraîtrait plus approprié.
    – Et pourtant, sauf erreur, on dit arts divinatoires. Je vais consulter l'oracle à la dent-de-lion pour savoir d'où vient le devin.
    – ?
    – Le grigri en question n'est que le logo de son dico.
    – Or donc, voilà ce que soufflent les sourciers de l'étymologie. On dit bien divinatoire, mais on aurait aussi bien pu dire devinatoire. Devin et divin seraient de la même famille, issus tous deux de divinus. Intéressante cocasserie qui apparente, par la grâce d'une origine commune, dieux et devins. Dieu, divin et omniscient, et, parent pauvre, le devin réduit à la divination.
    – L'interprétation est de bon aloi. L'oracle t'aura donné le don de l'anagogie, la source de l'inspiration des prophètes.
    – « C'est don de Dieu que la divination », se serait plutôt récrié Montaigne qui n'avait guère de goût pour ces devins « qui nous viennent pipant des assurances d'une faculté extraordinaire qui est hors de nostre cognoissance [20] ».
    – Faculté extraordinaire. Parlons-en. Les prêtres de l'occulte ne manquent pas de supports peu ordinaires pour faire parler l'oracle. Des procédés qui ont fait leurs preuves. Toi, homo credens moyen, comme tu ne comprends rien à ces affaires, tu crois un peu, alors tu te laisses aller à fricoter avec un interprète… Et là ton compte est bon : tu vas croire beaucoup.
    – Tu crois parce que c'est écrit. L'astrologue te lit ta carte du ciel, le chiromancien te lit la carte tracée par les lignes de ta main, le cartomancien te lit une donne de tarots.
    – Et avec la géomancie. Tu lances une poignée de sable, et hop, tu as écrit la carte de ton avenir qu'un interprète patenté va te lire à livre ouvert.
    – Et s'il y a un coup de vent ou que tu éternues… ton avenir fout le camp ?
    – La numérologie doit être moins volage. Les chiffres, c'est du sérieux. C'est le langage de Dieu, ont assuré de vénérables savants. Et puis l'avantage, c'est que tu peux te pratiquer tout seul.
    – Encore qu'il te faudra pas mal potasser avant d'arriver à manipuler les nombres sans faute. Tu as vite fait de glisser une petite erreur de calcul qui rend ton pronostic aussi fiable que celui que tu pourrais faire au départ d'une course d'escargots un jour de beau temps.
    – J'ai connu un sciomancien mais je n'ai pas voulu qu'il interrogeât mon ombre…
    –  ?
    –  ?
    – C'est un vers d'Apollinaire. À l'en croire, il est des ombres révélatrices. J'ai souvenir d'un passage sur les prophéties dans lequel le poète trépané livre son sentiment quant à l'intelligence qui inspire les pratiques prévisionnelles. Il n'est pas bien loin.
    – Je connaissais l'homme qui tire plus vite que son ombre, voilà l'ombre qu'il faut regarder au fond des yeux.
    – Écoute donc ce qu'il a écrit sur le sujet. S'il fallait un plaidoyer pour réhabiliter l'esprit des arts divinatoires, l'ami Guillaume fournit là une contribution des plus éloquente.

Tout le monde est prophète mon cher André Billy
Mais il y a si longtemps qu'on fait croire aux gens
Qu'ils n'ont aucun avenir qu'ils sont ignorants à jamais
      Et idiots de naissance
Qu'on en a pris son parti et que nul n'a même idée
De se demander s'il connaît l'avenir ou non
Il n'y a pas d'esprit religieux dans tout cela
Ni dans les superstitions ni dans les prophéties
Ni dans tout ce que l'on nomme occultisme
Il y a avant tout une façon d'observer la nature
Et d'interpréter la nature
Qui est très légitime

    – Dommage qu'Apollinaire, pour qui le mystère et la clarté étaient deux valeurs sûres, n'ait pas connu le Yi King ; il n'aurait pas manqué d'en prospecter les espaces imaginatifs et de lui consacrer un calligramme sur la découverte de l'inconnu.
    – Le « i » quoi ?
    – Le Yi King, mon préféré dans le Beaubourg des arts divinatoires. L'accent n'est pas garanti mandarin d'origine. Dans la bouche d'un chinois cela doit rendre un son plus croustillant.
    – Bon ! Alors ? Reprends donc un peu de thé et raconte l'oracle chinois.

Troc de quêtes

    – Le Yi King (1), c'est « ma bible jaune » (2), le fruit d'un échange survenu aux confins d'un rêve.
    Est-ce la magie de Merlin qui a opéré ? Troc occulte, produit d'un coup de folie qui arrivait comme un coup de tonnerre qui ébranle la tour « refuge des illusions ». L'idée était de partager un peu de ce mystère et de cette fougue gardés par Excalibur. Le partage tourna à un échange : l'épopée du roi Arthur et les charmes d'Avalon [22] pour – et non, contre – la pérenne sagesse du Yi King.

Yi King source du Tao

    Tsing / Le puits

    La tradition donne le Yi King pour le plus ancien livre de la Chine, celui qui contient la source des principes fondamentaux du Yin et du Yang. La légende attribue la création de ses huit trigrammes fondamentaux, les huit Pa Kua, au mythique roi chinois Fu-Shi en l'an 3322 avant notre ère. Les hexagrammes, et leurs premières interprétations, auraient pris corps environ huit siècles plus tard. Si les détails historiques ont une importance certaine dans l'évolution du Livre, je ne retiendrai ici que la chronologie de son émergence scripturale, car elle présente les symptômes d'une synchronicité qui ne doit rien au hasard : la naissance de cette calligraphie chinoise apparaît comme « contemporaine » de l'écriture pictographique sumérienne ; Yi King et Zodiaque inscrivent tous deux leur trace dans les balbutiements de la transmission écrite des connaissances.
    Les anciens sages chinois affirmaient que la fréquentation du Livre était le meilleur moyen pour apprendre à lire l'Ordre de l'Univers et, par ce contact, parvenir au but de la sapience : établir son harmonie intérieure. Cette connaissance, de soi et des lois de la vie, rend, alors, l'individu apte à pressentir le devenir des événements et à déterminer sa conduite. Le Yi King compte comme l'une des contributions majeures qui ont conduit à l'élaboration des doctrines confucéennes et du Tao de Lao Tzu.
    Un texte ancien, aux origines mythiques qui lui ont laissé l'empreinte d'un caractère ésotérique, mais un texte vivifié au fil du temps par les commentaires et les interprétations, parfois contradictoires, qu'il a suscités pendant plus de trois-mille ans d'histoire de la Chine. Autant d'apports qui sont venus, comme du sang réoxygéné, s'insérer dans la trame du Livre, l'enrichir et la fortifier (King signifie la trame d'une étoffe, dans Yi King le terme prend le sens de livre). La pensée chinoise non seulement n'a pas caché ce qu'elle avait de riche, mais encore elle a su le maintenir en vie et, surtout, le transmettre. Richard Wilhelm présente le Yi King comme « le fruit de la sagesse la plus achevée de plusieurs millénaires ». Carl Gustav Jung, ardent promoteur du Yi King, demeurait comme « fasciné » par les réponses frappantes que lui rendait le vieil oracle.
    À l'origine, s'il fut un livre de divination, son évolution, sa transformation (Yi signifie caméléon, Yi King : le livre caméléon ou Le Livre des Transformations) aux travers de la pensée de nombreux sages chinois, sans jamais glisser dans l'amalgame de l'histoire et des mythes, en ont fait un authentique traité heuristique. Il n'a pas pour vocation à répondre à la question « Que va-t-il m'arriver ? » posée à la cartomancienne ou à l'astrologue, mais à orienter l'intuition personnelle pour trouver la réponse à « Comment mieux faire ? » Jamais statique, le Livre permet un regard sur le devenir et son évolution. Le Yi King, vrai comme la Nature, n'ignore rien du grotesque, a tout pour le mêler au sublime.
    À l'écoute du Yi King, l'intuition retrouve sa voix, forme des images simples avec la réalité du présent déchiffrée dans ses multiples composantes, distingue celles qui portent les germes d'actions à conduire… ou à éviter. Le Yi King permet de pénétrer dans les profondeurs de la nature et de l'esprit, en restaurant le contact avec soi-même, ou – selon l'expression consacrée – avec son âme. Aussi, c'est sur l'instinct que va se dessiner le schéma de la décision.

L'approche

    Lin / L'approche

    Le Yi King est un jeu constitué de soixante-quatre hexagrammes, produits par l'association deux par deux des huit trigrammes fondamentaux (voir ci-après). Ces soixante-quatre figures intègrent, en dehors de tout système théologique, la vérité sans limites des contraires (contraires que l'on retrouve dans le concept du Yin et du Yang : Ciel et Terre, eau et feu, lumière et obscurité, mâle et femelle, naissance et mort, conscient et inconscient…).
    Les hexagrammes représentent des idées, des archétypes, et chacun de ceux-ci est porteur d'une image symbolique à laquelle est associé un jugement, principe de décision.
    Le Yi King n'est pas destiné à être lu comme un livre, de la première à la dernière ligne. Le Yi King, dans son usage congru, se découvre par fragments désignés par deux hexagrammes tirés d'un jeu de construction. La démarche – individuelle – consiste à monter, à l'aide de "deux fois trois" suites combinatoires, un double trigramme qui formera l'hexagramme primaire. Celui-ci, par le jeu des règles de transformations caractéristiques du Yi King, donnera naissance à un second hexagramme. Muni de ses deux clefs à six pannetons, le « consultant », parcourant, avec sa propre intuition, le message retranscrit dans le Livre, va alors découvrir sa voie… son Tao.
    Pour ceux qui ne sont pas des familiers du Yi King et qui seraient curieux de suivre le déroulement d'un parcours, je vais jouer le cicérone.
    Le circuit comporte deux étapes. La première est celle du tirage, la seconde est la lecture du Livre. Pour le tirage, on a le choix entre deux pratiques : l'originale, qui consiste en une manipulation assez sophistiquée de cinquante tiges d'achillée (le mille-feuille), ou la méthode abrégée, qui est une partie de pile ou face jouée avec trois anciennes pièces de monnaie chinoise. Pour simplifier les explications du tirage, c'est avec les pièces que je vais procéder. Le temps de les sortir de leur écrin, je vous laisse vous mettre dans l'ambiance en parcourant quelques éléments idoines sur l'agencement pictographique et familial des trigrammes.

    Primauté du symbole. Voici les huit trigrammes du Yi King et le pictogramme du Tao associés dans une configuration harmonique, devenant à l'image de la Vérité, unique et rayonnant la diversité.
    La convergence idéographique des huit trigrammes de la couronne conduit à l'émergence d'une « plaque tournante », le pictogramme circulaire et sinusoïdal du Tao, symbole de complémentarité et d'égalité dans la différence. La dynamique de cette image sous-tend l'idée d'une rencontre, rencontre entre les forces centripètes réunificatrices et les forces centrifuges distributrices.
    Sur la couronne présentée, en partant du trigramme composé de trois traits longs et en la parcourant comme sur un tourne-à-gauche, on rencontre :
    – K'ien, qui représente le créateur (le père ou le Ciel),
    – Li, ce qui s'attache (le Soleil),
    – Ken, l'immobilisation,
    – Souen, le doux,
    – K'ouen, le réceptif (la mère ou la Terre),
    – K'an, l'insondable (la Lune),
    – Touei, le joyeux,
    – Tchen, l'éveilleur.
    
    Voilà les trois pièces. Elles vont être lancées six fois de suite afin d'obtenir les éléments nécessaires pour construire deux trigrammes. Aux côtés yin (pile) est attribuée la valeur deux, et trois aux côtés yang (face) (le nombre un, parce qu'il exclut la multiplicité, n'est pas considéré). Chaque jet va donc délivrer un nombre dont la valeur sera comprise entre six et neuf. Avec la convention pair-femelle et impair-mâle, pour les valeurs six et huit, on tracera un trait coupé, et pour les valeurs sept et neuf, un trait entier (3).
    La construction se fait en commençant par le bas – respectant ainsi le vieux principe de l'ancrage dans les fondations. La superposition des deux trigrammes figure le premier hexagramme. Un second hexagramme sera déduit du premier par le jeu des mutations qui portent sur les traits de valeur six (tirage d'un triple pile) et neuf (tirage d'un triple face).
    Le lancer des pièces peut se faire en jetant les trois simultanément. Je procède un peu différemment. Adoptant le principe qui veut que le prolongement de l'attente exacerbe le plaisir du jeu, chacune des trois pièces, une à une, va être mise en rotation sur sa tranche, comme une toupie, appliquant ainsi un autre vieux principe : celui du « transfert d'énergie ».

Suite sans fin

- Tirages

  traits issus du tirage traits transformés
Premier trigramme
   1er tirage :     huit, pair, non mutable ® trait coupé   ® trait coupé
   2ème tirage : sept, impair, non mutable ® trait entier   ® trait entier
   3ème tirage : six, pair, mutable ® trait coupé   ® trait entier
Deuxième trigramme
   4ème tirage : sept, impair, non mutable ® trait entier   ® trait entier
   5ème tirage : huit, pair, non mutable ® trait coupé   ® trait coupé
   6ème tirage : neuf, impair, mutable ® trait entier   ® trait coupé
 
(le trait issu du premier tirage est en bas, le sixième en haut) 
Wei Tsi Hong
Wei Tsi est l'hexagramme issu du tirage, Hong est l'hexagramme obtenu après transformation des symboles mutables sortis pour Wei Tsi.

- Lecture du Livre

Premier hexagramme : Wei Tsi / Avant l'accomplissement

Trigramme du haut : Li / Ce qui s'attache, la flamme
  
Trigramme du bas : K'an / L'insondable, l'eau
Cet hexagramme indique un temps où le passage du désordre à l'ordre n'est pas encore accompli. Sans doute le changement est déjà préparé : tous les traits du trigramme supérieur se trouvent en relation avec ceux du trigramme inférieur. Cependant ils ne sont pas encore à leur place.

Le jugement
Succès.    Mais si le petit renard, lorsqu'il a presque achevé le passage, met la queue dans l'eau, il n'est rien qui soit avantageux.
Les conditions sont difficiles. La tâche est grande et lourde de responsabilités. Il ne s'agit rien de moins que de ramener le monde de la confusion à l'ordre. C'est pourtant une tâche qui promet le succès, car il existe un but permettant d'unir les forces divergentes. Il faut seulement s'avancer d'abord à pas comptés, comme un vieux renard qui marche sur la glace. En Chine, la prudence du renard qui marche sur la glace est proverbiale. Sans cesse il a l'oreille tendue pour percevoir les craquements et recherche avec soin et circonspection les endroits les plus sûrs. Un jeune renard qui ne connaît pas encore cette prudence va de l'avant hardiment et il peut se faire qu'il tombe dans l'eau alors qu'il a presque fini de traverser, et qu'il se mouille la queue. Naturellement, tout le mal qu'il s'est donné est ainsi devenu vain.
De même, aux moments qui précèdent l'accomplissement, la réflexion et la circonspection sont la condition fondamentale du succès.

L'image
Le feu est au-dessus de l'eau : image de la situation avant l'accomplissement.
Ainsi l'homme sage est circonspect quand il distingue les choses, afin que chacune trouve sa place.
Quand le feu qui, par nature, s'élance vers le haut est au-dessus, et l'eau, dont le mouvement tend vers le bas est au-dessous, leurs actions vont dans un sens différent et demeurent sans relation entre elles. Si l'on veut parvenir à un résultat, on doit commencer par examiner la nature des forces considérées et la place qui leur convient. Si l'on dispose les forces à leur juste place, elles produisent l'effet désiré et l'accomplissement est réalisé. Mais, pour pouvoir manier comme il le faut les forces extérieures, il est avant tout nécessaire d'adopter soi-même le point de vue correct. Ce n'est qu'à partir de ce moment que l'on peut agir correctement.

Les traits six et neuf (« acteurs » de la transformation)
- Six à la troisième place signifie :
Avant l'accomplissement, l'attaque apporte l'infortune.
Il est avantageux de traverser les grandes eaux.
L'heure du passage est arrivée. Mais on n'a pas encore la force d'accomplir ce passage. Si l'on voulait tenter de le forcer, on irait vers l'insuccès, car la chute serait inévitable. Que faut-il donc faire ? Il faut créer une nouvelle situation : on doit attirer les forces d'auxiliaires habiles et, avec elles, faire le pas décisif – la traversée des grandes eaux. Alors l'accomplissement deviendra possible.
- Neuf en haut signifie :
En pleine confiance on boit du vin.
Pas de blâme. Mais si l'on se mouille la tête, on la perd, en vérité.
Avant l'accomplissement, au seuil des temps nouveaux, l'homme se trouve réuni en pleine confiance mutuelle avec les siens et passe en buvant joyeusement le temps de l'attente. Comme l'ère nouvelle est à la porte, il n'y a pas là sujet de blâme. On doit seulement veiller à garder la juste mesure. Mais si on se laisse aller à l'ivresse, on perd par sa démesure ce que la situation avait de favorable.

Deuxième hexagramme : Hong / La durée

Trigramme du haut : Tchen / Ce qui s'attache, la flamme
  
Trigramme du bas : Souen / Le doux, le vent

Les images sont celles du tonnerre et du vent qui sont des phénomènes associés de façon constante. L'union est durable. Le trigramme inférieur indique douceur au-dedans, le trigramme supérieur, mouvement au-dehors.

Le jugement
Succès. Pas de blâme.
La persévérance est avantageuse.
Il est avantageux d'avoir où aller.
La durée est un état dont le mouvement n'est pas annihilé par les obstacles. Ce n'est pas un état de repos, car la pure immobilité est recul. La durée est plutôt un mouvement s'accomplissant suivant des lois déterminées, refermé sur lui-même et, par suite, se renouvelant sans cesse, d'un tout organisé et fortement centré sur lui-même, dans lequel toute fin est suivie d'un nouveau commencement. La fin est atteinte par le mouvement vers l'intérieur, l'inspiration du souffle, la systole, la concentration. Ce mouvement se change en un nouveau début dans lequel il est dirigé vers l'extérieur : c'est l'expiration du souffle, la diastole, l'expansion.
C'est de cette manière que les corps célestes accomplissent leur course dans le ciel et peuvent en conséquence briller d'une manière durable. Les saisons se déroulent suivant une loi fixe de changement et de transformation et peuvent par suite œuvrer durablement.
Ainsi l'homme qui a entendu l'appel incarne une signification durable dans sa manière de vivre et le monde reçoit par là une forme. À partir de ce en quoi les choses puisent leur durée, il est possible de reconnaître la nature de tous les êtres dans le ciel et sur la terre.

L'image
Tonnerre et vent : image de la durée.
Ainsi l'homme sage conserve une attitude ferme et ne change pas de direction.
Le tonnerre roule et le vent souffle. L'un et l'autre représentent un phénomène extrêmement mobile, si bien que leur apparence est à l'opposé de la durée. Toutefois leur apparition et leur disposition, leur mouvement d'aller et de retour suivent des lois durables. Ainsi l'autonomie de l'homme sage ne consiste pas en ce qu'il serait rigide et immobile. Il suit toujours le temps et se transforme avec lui. Ce qui dure est la direction ferme, la loi interne de son être qui détermine toutes ses actions.

*     *
*

    Ainsi parle le Yi King.
    Juste un résonateur.
    La perspicacité de l'à-propos ne sera que celle de l'intuition personnelle… exacerbée par l'imagerie du verbe barbouillé sur soixante-quatre tableaux.

Le vrai est dans le faux

    Le Yi King, un art divinatoire ?
    La question est aussi incongrue que celle que je posais à Virgile un soir d'orage où les éclairs tout proches plongeaient dans un océan en bataille.
    – Alors, finalement, tu crois en Dieu ?
    – Bien sûr que je crois en Dieu… chaque fois que j'en ai besoin.
    Un monumental craquement céleste vint ponctuer cette profession de foi. Ne semblant pas avoir été frappé par la mise en garde, il poursuivit, impénitent.
    – Croire implique une croyance, et une croyance n'est jamais que l'expression d'un besoin.
    J'ai eu l'impression que de ce côté-là, il n'était pas particulièrement en manque.
    
    Si les arts divinatoires peuvent à l'envi passer pour des excentricités destinées à prédire le futur sur la base d'éléments inconsistants, la lecture du Yi King, elle, répond à une attente autre que celle du simple besoin de connaître l'avenir. Par ses fondements et ses implications – l'entraînement de l'intuition personnelle –, elle est propre à satisfaire des exigences simples, primitives, comme celles ramassées dans la devise gravée au fronton du temple d'Apollon à Delphes, devise que Socrate aurait fait sienne et que certains attribuent à Thalès : « Connais-toi toi-même. »
    Reste à savoir si le qualificatif d'art qui s'attache à toutes ces pratiques prospectives véhicule vraiment une notion conforme à leur contenu.
    Vrais ou faux, les tableaux que dressent les mancies sont faits de matériaux intuitifs, inintelligibles. Est-ce à dire irrationnels ? Des tableaux aux allures surréalistes ?…
    La fascination du Surréalisme tient pour beaucoup à ses origines. Né, au début de ce siècle, de la réaction à un ordre établi sur une logique de système non maîtrisé, car inadapté – le trait est commun, de bien des époques, toujours moderne –, qui a conduit au choc, ô combien réaliste, de la Première Guerre mondiale, le Surréalisme est venu crier sa foi dans les valeurs du rêve, de l'instinct, sa soif de rétablir « le fonctionnement réel de la pensée », de recourir à l'intuition dans une sympathie divinatoire « par laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et, par conséquent, d'inexprimable », écrira Bergson. La psychanalyse avait ouvert une porte, et, dans ce mouvement de révolte, dans ce déferlement du pouvoir onirique, nombre de symbolistes ont puisé l'inspiration propre à libérer leurs phantasmes. Le Surréalisme, c'est « L'Esprit Nouveau », c'est la modernité… d'hier, d'aujourd'hui encore et de demain certainement.
    … Des tableaux aux allures surréalistes !… Alors les arts divinatoires sont de la plus ancienne modernité, parfaitement à même d'endosser la définition : « L'art est un mensonge qui dit la vérité. » L'apophtegme est d'un maître en matière de conceptions picturales ésotériques : Pablo Picasso.
    Franchir la frontière entre la réalité et l'art : un pas que tout un chacun sent un jour le besoin de faire…

Bien mal caché

    Timothée est un nom que je m'étais donné, et comme on ne peut donner que ce qui est à soi, c'est un nom qui devait m'appartenir. J'ai un autre nom, celui que j'ai reçu, assorti de ses dévolutions tutélaires. Vu le non-usage qui en était fait, j'avais nourri quelques doutes quant à sa convenance.
    On ne choisit pas un nom comme Timothée par hasard. On ne choisit rien par hasard. Il y a du cabalistique dans ce choix-là. Ceci expliquant cela, je n'ai pas eu trop de réticences à laisser l'art des nombres en dresser le profil « personnalisé ». Dire que je n'ai jamais douté du résultat pourrait passer pour de la provocation à l'égard de ces disciples qui ont établi les règles de ces calculs pythagoriciens, mais les considérations qui avaient inspiré mon choix ne pouvaient quand même pas être démenties par un programme informatique sans âme. Bref, les opérations ont délivré une évaluation particulièrement bienveillante… alors, inutile de chercher à contrarier l'oracle comptable.
    Iconoclaste impénitent, j'ai quand même voulu voir ce que le programme à augures patronymiques allait bien pouvoir débiter si je lui donnais à mouliner mon nom de baptême et tout le saint-frusquin requis pour ses calculs généthliaques. Résultat : un grand éclat de rire. La machine à la pensée binaire m'a, à nouveau, retourné le même pronostic ! Bien sûr, j'ai mis ça sur le compte de ses capacités combinatoires limitées, mais j'ai aussi dû convenir que mon stratagème avait été, sinon déjoué, pour le moins sans effet. J'avais voulu ruser en changeant de nom comme on choisit un masque, et voilà qu'en trois octets l'oracle me renvoyait une vieille vérité : on n'échappe pas à son destin.
    Ce sera le même message que, dans un battement d'ailes, l'uranie viendra me susurrer.
    J'aurais pu deviner qu'un masque en dit parfois plus long qu'un visage nu. Le masque, loin de procurer l'anonymat, est une signature plus fidèle qu'une empreinte. J'avais changé de nom comme celui qui, pour que le sciomancien ne puisse pas lui révéler ce que cache son ombre, se hâte de la peindre en blanc.

Karma d'Uranie

   Tchoung Fou / La vérité intérieure

    Soir d'automne. Ses soies brillaient dans l'or tiède du couchant. De loin elle me paraissait chaude et moirée. En m'approchant, je n'ai découvert qu'une larve grisâtre aux yeux étranges et qui avait l'air plutôt mal en point. J'ai pensé écraser la larve. Bah ! à quoi bon, cela n'en valait pas la peine, de toute façon elle allait crever…
    Hiver. Et la larve a su vivre sa mort. C'est inscrit dans le destin d'une larve.
    Matin de printemps. La chrysalide a achevé sa mutation et dans un rayon de soleil a trouvé le passage vers la lumière, libérant les couleurs de son héritage chromatique…
    Soir d'été. Et voilà que vient se poser sur ma main le plus beau papillon que j'aie jamais vu. Plus belle qu'un arc-en-ciel, une uranie féerique. Sans un frémissement, ses ailes grandes déployées, elle semblait me fixer. J'ai regardé ce dieu du ciel au fond des yeux. Quel regard ! Pas de doute, ces yeux aux mille facettes ne pouvaient tromper… C'était bien elle.

Sans gènes, pas de plaisir

    Papillonnade… Histoire courte mille fois racontée qui recèle l'histoire des ressorts de la vie, une histoire dont l'écriture a commencé alors que la Terre encore vierge découvrait la fougue insouciante d'une jeune étoile irradiante.
    Le karma d'Uranie, c'est la vie qui s'égaille, c'est le réseau qui crépite… Un réseau qui ignore la mort. La mort, dans les histoires qui se racontaient sous les étoiles avant d'être confiées au firmament, n'était pas malodorante. De l'histoire du Phœnix qui disparaît pour renaître de ses cendres émanent des effluves parfumés, jamais des relents de peur ou d'angoisse… Lorsque la larve s'enferme dans son cocon, elle va se liquéfier, devenir un jus sans corps, mais un jus qui a préservé le lien qui assure la perpétuation. Le génome baigne dans le corps décomposé. Interrogées, les archives vont parler, ordonner, « ordonnancer ».
    Comment sont-elles écrites ces archives qui aujourd'hui semblent se lire si facilement ?
    Comme n'importe quel écrit, avec un code… et ce code a été décrypté… pas avec une pierre de Rosette, mais avec des grains de Palade (4).
    Cette écriture, avant de se retrouver soumise à l'interprétation des dialecticiens du chromosome, était longtemps restée cantonnée dans l'ombre de l'occulte. Au Lycée, le « maître de ceux qui savent » ne s'était penché sur la question que pour mieux lui reconnaître les vertus d'un grand mystère et, finalement, l'enfermer dans une gangue gélatineuse plutôt poisseuse. Deux-mille ans devront s'écouler avant que l'on puisse commencer à se dépêtrer des animalcules générés dans la fange et le putride, et s'extraire des lignées gigognes d'homoncules imbriqués.
    Encore dans la griserie des énigmes codées, mais affranchie de l'hermétisme, la génétique est l'un des fleurons de la science du XXe siècle. Avec des outils « moléculaires », elle a extrait le génome, matrice dépositaire des archives où sont inscrites les informations qui délivrent les ordonnances architectoniques du « vivant ». Des archives préservées de la poussière de l'oubli, car, à longueur de division pour mieux garantir la multiplication, elles sont sans cesse recopiées (c'est toujours une version neuve qui est transmise). Des archives recopiées (le duplicateur jouant divinement de la résonance), mais aussi, parfois, rééditées, car, à force de transcriptions, il arrive qu'elles soient, peu ou prou, amendées, puis diffusées dans une compilation « modernisée ». Conservation et révision… la pérennité gardienne des clefs du progrès.
    Les services du chiffre ont percé toutes les combinaisons élémentaires du langage nucléique (elles sont au nombre de soixante-quatre (5)), et, depuis, les aficionados découvrent la trépidante chorégraphie des codons. La danse du génome a déjà ses hérauts, ses nobels, son panache et ses plumes (6). La génétique, avec ses trousseaux de clefs qui donnent accès aux mémoires patrimoniales, a vite fait de nombreux adeptes. Des passionnés, mais aussi des aventuriers.
    La simplicité du système d'écriture – des triplets conjugués en base quatre (l'informatique ne pratique encore que la base deux) – ne doit pas masquer sa puissance quant à ses capacités illimitées d'expression. Avec soixante-quatre codons, ce ne sont pas les degrés de liberté qui manquent pour écrire tout et n'importe quoi dans des dimensions et des associations autrement flamboyantes que celles autorisées par quelque vingt-six lettres. Seule limitation, qui n'en est pas une, le génome ne conserve que des compositions « lisibles ». Ses archives accueillent facilement les nouveautés de toutes venues, mais elles ne s'encombrent pas de baragouinages incohérents, de babillages sans queue ni tête.
    Ces inscriptions, pour être patentes, n'en ont pas pour autant délivré le secret de leurs origines. Le sujet n'a pas fini d'alimenter bisbilles et chicanes d'experts-théologues. Ce théo-là se rapporte bien sûr à tout ce qui tient lieu de dieu, sans exclusive de forme ou d'expression. Que cette déité soit personnifiée, statufiée ou élusive, adorée, codifiée ou stochastifiée, elle émane toujours d'un fond parfaitement crédentiel. Aussi, il semble bien peu probable que les origines avérées de cette écriture organique soient jamais révélées autrement que par credo, tant et aussi longtemps que le « bon sens » s'enracinera dans une assise truffée de crédons. La résolution des croyances passe par une alchimie autrement corsée que la concoction d'une dissolvante eau régale (7).

Factice commutativité

    Soixante-quatre est un nombre qui vient d'être mis en vedette dans deux contextes différents. Hasard ou coïncidence ? Peut-être juste une machination combinarde ! La première fois, il signifiait le nombre d'hexagrammes que pouvaient générer les arrangements des huit trigrammes fondamentaux du Yi King associés deux par deux (8 x 8). Puis, il s'est trouvé être le résultat du nombre de combinaisons possibles des « briques » constitutives du génome, les codons (les clefs formées de triplets de nucléotides), résultat d'un agencement en base quatre (4 x 4 x 4).
    C'est sur cette double égalité arithmétique, incontestable, que s'est montée une affaire exemplaire, bien dans la veine des fables à l'homo credens.
    L'histoire commence par une question lancée à la cantonade par quelques décodeurs amusés par la coïncidence. – Le vieil oracle chinois manipulerait-il depuis plus de quatre millénaires l'écriture que la génétique commence seulement à déchiffrer ? Bien sûr, la question, dans l'ironique naïveté de sa forme première, se veut une ouverture pleine de fausse modestie.
    Mais, crédence oblige, plusieurs, parmi ceux-là mêmes qui posaient la question, pour faire plus rapidement florès, ont répondu par une affirmative plus que propitiatoire.
    C'est ainsi que sur le marché des nouveautés dans l'air du temps, j'ai dégoté un abécédaire du code génétique recrypté en hexagrammes pour une lecture des gènes à la « I Ching » [24]. Laudateur du Livre des Transformations et gourmand des intrigues nucléaires (8), la sollicitation ne pouvait être ignorée… C'est bien fait, élégant, Ph.D. (9) à l'appui, presque convaincant et d'autant plus croyable qu'il n'y a en fait de démonstration que l'énoncé de deux postulats. Le premier dit que le Yi King et le génome ont tous deux vocation à servir le destin, le second que soixante-quatre égale soixante-quatre.
    À première vue, le Yi King, avec sa méthode d'investigation qui fait une part aussi belle au jeu des combinaisons aléatoires (tirages pour la construction des trigrammes), n'était pas fait pour satisfaire des esprits épris de rationalité. Mais, lorsque les dogmes académiques en vigueur viennent se faire l'écho de théorie à la logique illusoire, il n'est pas utile de chercher à se faire plus mandarin que les mandarins. Or, voilà que parmi ces « vérités d'écoles », venait d'être promue au rang le plus insigne cette théorie qui subordonne l'élaboration laborieuse du génome aux lois du hasard. L'allié était de taille : des deux bords, on sacrifiait au même dieu. Alors, l'obédience respectée, alea jacta est, sans risquer l'excommunication, il devenait émoustillant de débusquer les communes triplicités et de révéler les subtiles analogies électives qui appareillent les deux destinators codés : Yi King et ADN. Et là, sur ce registre, notre Ph.D. s'est laissé aller sans retenue aucune.
    Oui, mais voilà, si les postulats, par définition, jouissent d'une légitimité incontestable, celui qui s'appuie sur l'effet d'une apparence de commutativité pour limiter une égalité au seul résultat de deux multiplications est du plus mauvais aloi.
    – Quoi, "huit fois huit" ne serait pas égal à "quatre fois quatre fois quatre" ?
    – Tilt ! Ainsi posée, la question porte déjà les éléments de la réponse. Avec soixante-quatre égale soixante quatre, on est coincé par l'évidence. Mais, si tu fais porter l'interrogation sur les arguments des deux opérations, alors non, ce n'est pas kifkif. Et peu importe le résultat, car les deux formulations, dans leur forme, au sens le plus géométrique qui soit, sont foncièrement différentes.
   « Huit par huit, c'est un carré. Quatre par quatre par quatre, c'est un cube. La première forme s'inscrit dans un plan sans épaisseur, c'est une surface ; la seconde, dans un espace à trois dimensions, c'est un volume. La différence entre les deux figures relève de l'infini… Toute une différence (10)… pourtant moindre que celle qui sépare le nombre des transformations supputées par l'affable oracle chinois du nombre des mutations fructifiantes engendrées par une kyrielle de gènes opiniâtres !

Huit de der

    Avec cette histoire de soixante-quatre en deux ou trois dimensions, j'ai l'impression d'avoir carrément sabordé ma dernière séquence sur les arts divinatoires, celle qui devait servir de chute à cette vignette sur le destin. Plutôt frustrant, puisqu'il s'agissait de révéler le secret des dés qu'Einstein ne connaissait pas. S'il les avait connus, aurait-il révisé son a priori sur l'inappétence de son Dieu à jouer aux dés ? Risquons que même s'il avait eu vent des gènes combinatoires, à en croire sa phobie du hasard, à l'idée de probabilités destinogènes, il aurait arboré une grimace dubitative.
    Alors tant pis, nonobstant ce qui précède, sans plus d'alibi que celui du jeu, je lance mon talisman…
    … un cristal fluo sorti de sa gangue ignée (11),
    … un octaèdre circonscrit dans un arêtimètre monocaténaire.

dés du Yi King

    Plus singuliers que les dés du Zanzibar – à six faces, huit pointes et douze arêtes –, les dés du Yi King – à huit faces, six pointes et douze arêtes – se tracent d'un seul trait sans jamais doubler une arête (12).
    Sans pièces impériales et sans baguettes d'achillée, avec une paire de dés (de couleurs complémentaires), le montage augural est délivré en un seul tour de main.
    Pour la suite, c'est comme avant : le Livre et la lecture… Et là, le destin reprend ses droits : c'est à chacun son conte.


(1) L'orthographe francisée Yi King est celle que l'on retrouve dans l'ouvrage de Richard Wilhelm [21]. On rencontre aussi les orthographes I Ching et Yijing qui sont des transcriptions phonétiquement plus proches du vocable chinois.

(2) La reliure de mon édition est en toile jaune.

(3) Le genre d'un trigramme est indiqué par son trait inférieur (sur la figure, c'est le trait le plus près du centre). Trait coupé = féminin, trait long = masculin.

(4) Du nom du cytologiste américain George Emil Palade qui a, notamment, étudié le fonctionnement des ribosomes, ces organites cellulaires qui assurent et contrôlent la synthèse des protéines en traduisant les instructions repiquées des chaînes d'ADN (acide déoxyribonucléique : molécule porteuse de l'information génétique) constitutives des chromosomes.

(5) Ces combinaisons (ou codons) sont à l'image de clefs à trois pannetons (ou nucléotides), chacun de ceux-ci étant sélectionné parmi quatre motifs différents. En combinant, trois par trois, les quatre motifs, on obtiendra soixante-quatre (4 3) clefs différentes.

clefs

(6) Pour n'en citer qu'une, je renverrai les amateurs du genre à l'ouvrage d'Albert Jacquard, Inventer l'Homme [23].

(7) L'eau régale est un mélange d'acide chlorhydrique et d'acide nitrique qui a la propriété de dissoudre les métaux nobles – l'or et le platine – (nobles, car inaltérables et inoxydables).

(8) Ce nucléaire-là est relatif au noyau de la cellule et à son contenu nucléique.

(9) Sigle du titre le plus élevé décerné par les universités anglo-saxonnes – doctorat en philosophie – quelle que soit la spécialité de l'impétrant – toute science étant une forme de philosophie. Ph.D. désigne aussi le titulaire du diplôme.

(10) Pour fixer les idées, avec une unité de base usuelle, 64 m2, c'est la surface d'un petit appartement. On conviendra facilement qu'une telle surface serait bien peu commode pour se remuer si on ne la gratifiait pas d'une troisième dimension. Un logement de 64 m2, c'est en réalité un espace vital d'environ 160 m3.

(11) Le fluorure de calcium (fluorine), vert, jaune, turquoise ou amarante, se trouve cristallisé sous la forme d'un octaèdre régulier dans les roches dolomitiques ou calcaires, ainsi que dans certaines roches formées à partir de la solidification du magma.

(12) Vous pouvez essayer d'ourdir l'enchaînement. C'est le genre de combinaison que toute bonne araignée peut vous filer en deux temps, trois mouvements et huit pattes. Si vous n'avez pas cette sagacité innée du tissage, une des solutions est, abracadabra… :  ABCADCEBFEDFA


 ©  éditions autodafé  &   Jean-Michel Pionetti.  Tous droits réservés.  ISBN 2-9805745-0-3

 

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